Les travaux de Georges Dumas échappent à toute classification. Son matériau de départ est une prise de vue numérique qu'il traite informatiquement. Il pétrifie ses sujets dont les poses sont le plus souvent inspirées par la statuaire antique ou classique. Il leur appose aussi des petites marques carrées qui font penser aux repères que certains sculpteurs sur pierre ménagent sur leurs ébauches ou aux traces laissées par des échafaudages sur des ouvrages monumentaux. Les images retravaillées sont alors imprimées sur toile puis reprises à la peinture acrylique avec des glacis qui évoquent le travail de la laque. Les petits carrés sont alors complétés avec des ajouts de pigment qui leur donnent du relief.
Les images de Georges Dumas matérialisent plusieurs ambiguïtés paradoxales. Tout d'abord l'opposition entre l'instantané, habituellement associé à la prise de vue photographique, et le long processus mis en œuvre pour aboutir au résultat souhaité. Mais aussi entre la vitalité des sujets saisis dans un présent fugitif et leur traitement qui les pétrifie, les monumentalise et leur confère cette « immuabilité atemporelle » que Sartre développe dans L'Être et le néant.
Le statut de l'œuvre résultant de ce long processus reste indéfinissable : ni photographie ni peinture, ni sculpture ni architecture, mais un peu de tout ceci cependant. On y discerne aussi un travail de déconstruction et de reconstruction qui interpelle le spectateur et le force à s'interroger sur le statut de l'image, sur son unicité, sur sa rareté, sur l'authenticité de son témoignage… Bref, sur son sens ou son absence de sens et sur la confiance qu'on peut lui accorder. Questions essentielles en un temps où les images nous assaillent, quand elles ne nous agressent pas…
Louis DOUCET, critique d'art et collectionneur
© Eric Dubois-Geoffroy / OpenEye Le Magazine
© Singulart
© WeLocArt
© Stéphanie Di Piazza
The digital revolution turned our lives upside down and art was no exception to that. I decided to make the best of this technological leap forward, exploring its potentialities as much as I could. Which led me to leave the world of photography as such and dive into the much wider world of image.
This is why my work has an ambiguous and somewhat contradictory relation to qualities usually associated with photography such as scarcity, instantaneity and eyewitness account. My work is more based on strict timeless constructions in which the pursuit of form, meaning or matter bring me close to painting and sculpture.
My aim is to constantly question what an image is in an era of profusion, if it makes sense or not, if it is authentic or fake, how its formal power affects us, how it is constructed and how it can be deconstructed...